Hommage aux femmes victimes d'abus en poèmes
Dragueur de rue.
Elle met des râteaux aux balourds
Cette jeune vierge effarouchée.
Où sont les hommes doux, ces amours?
Qu'ils réhabilitent sa dignité entachée.
"Fais pas ta sainte nitouche,
Oh l'autre elle joue la diva":
Ces mots jaillis de leur bouche
Tu les entends à tout va.
"Tu vas passer à la casserole, beauté",
Ils s'y prennent comme des manches.
Le mot beauté est peut-être censé flatter
Et décoincer les vraies oies blanches.
"Et déesse, tu prends combien?"
Dans l'instant même tu te transformes
En fille de joie, fille de rien.
Ils oublient encore d'y mettre les formes.
Un jour, tu sortiras de tes gonds
T'en as vraiment ta claque
Des nigauds et leurs jargons,
Dénués de la verve de Balzac.
"Waouh! Matez-moi ce beau cul"
Là, tu bouches tes délicates oreilles
Qui jusqu'à présent ont survécu,
Vient le moment de bénir leurs sommeils.
Le dragueur de rue n'est pas une flèche,
S'en rend-il compte au moins?
Toujours en quête de chair fraiche
Cela va sans dire devant témoins.
Belle-de-jour et Charmant.
Un homme charmant l'aborde
Avec des égards d'un temps révolu.
Se démarquant de la horde,
Il est évidemment l'heureux élu.
Image plaisante, je vous l'accorde.
Ses paroles touchantes, brillantes et nobles:
Gros diamant bleu à l'éclat éternel
Vertigineux comme l'étendue des grands vignobles
Lui évoque la lumière au bout du tunnel.
Oubliés les dragueurs invétérés, leurs conduites ignobles.
Il la couvre de fleurs, mille mots aux fragrances
Printanières s'épanouissent dans son sein
Apaisé; ces éloges, nectar des alliances
Œuvrent tel un prodigieux essaim.
Période féconde des renaissances.
Belle-de-jour en pleine lune de miel
Rayonne des bonheurs Célestes
Sous le regard devenu essentiel
Du gentleman aux tendres gestes.
Elle glorifie cet amour providentiel.
Ses petites attentions savoureuses
Rappellent les crêpes dentelle, aussi quand
Y goûtent les timides amoureuses,
Femmes croustillantes gagnent en piquant.
Puis les lumières se tamisent, vaporeuses.
Charmant a l'étoffe d'un prince
C'est pourquoi sur son cheval blanc
Il enlève l'ingénue arrivée de sa province.
Au loin, elle aperçoit le flanc
D'un manoir sinistre, de ceux qui grincent.
Se dessine le profil d'une tour.
Malheureusement sa brune chevelure
N'est ni magique ni infinie et jour
Après jour s'assèche la verdure.
Aucune sorcière à pousser dans le four.
Pour lui tenir compagnie, apparaît le fantôme
D'une jeune fille, bel ange innocent Passé
Avant, ne croyez pas qu'elle a croqué la pomme
Empoisonnée, juste aimé en trop se laissant bercer.
Une colombe aux ailes d'albâtre, en somme.
Sous la lune rousse
Un sang d'encre noie ses veines.
Et demain, nuit noire.
Le diable est de glace. (texte poétique)
J’ai froid, mes moufles sont dérisoires.
Des rafales agressives passent à travers,
Mordant mes doigts de leurs mâchoires
Redoutables qui meurtrissent les chairs.
Le givre s’est posé sur ma tignasse noire
Parsemée maintenant de mèches d’argent.
Je tremble à l’idée que gèle ma mémoire,
Bloquée à jamais sur le souvenir affligeant.
Emmitouflée dans un manteau doux et confortable
Je réchauffe mes articulations mais mon cœur, lui,
Gît, paralysé, depuis qu’il est enchaîné au diable.
Les jours heureux s’évanouissent dans la nuit.
On associe le diable à l’enfer et sa chaleur suffocante.
Détrompez-vous ! Le malin habite chez les esquimaux,
Son âme aussi froide qu’insensible choisit comme confidente
La tendresse figée sous une douleur dont regorgent nos maux.
Il est temps d’aller réconforter mes pensées au coin du feu,
Dégeler le dégoût, amollir le chagrin, dissoudre la honte,
Liquéfier la déception pour que mon corps nauséeux
Bien plus solide que la glace assiste à sa lente fonte.
Cœur délavé.
Tu te donnes à corps perdu,
Né son plaisir Souverain
Entre tes lèvres écrin.
A l'Olympe, il est rendu.
Dieu parmi les Dieux il siège,
Dressé sur son piédestal,
Abusant du privilège
Avec un air triomphal
Ton cœur blanc comme la neige
Porte un sourire hivernal.
Tout se décolore en beige
Avant le rouge fatal.
Mâle alpha.
L'homme qui force le passage
N'est pas animé par un trop plein
De désir ou une pulsion mais enclin
A blesser, sa toute-puissance saccage
La mélodie paisible d'un corps cristallin,
La mélopée des chairs sorties de leur coquille-âge.
Ajouter un commentaire
Commentaires