Long poème en hommage à la nature.
Représentations.
Prologue.
Au cœur d’un décor serein,
Hôte de la forêt,
Tu te dresses, souverain ;
Vital temps d’arrêt.
Les bois me convient,
Mon corps las reprend vie
Empli d’une sève neuve.
Revigorée, je m’attarde,
Lève la tête et regarde :
Les feuilles se meuvent
Sous une brise gaillarde
-L’automne vivifiant qui œuvre.
Première partie.
L'arbre à la cime mordorée
Aimante mes doigts empressés.
Je dérobe avec plein de verve
Avant qu'elle ne se désagrège
Une feuille d'or que j'observe.
En cela, aucun sacrilège,
La nature sait mon manège.
Perplexes, vous songez "la belle affaire".
En quoi à ses yeux ce végétal
Se recouvre-t-il d'un tel mystère
Qui le rend digne d'être spécial.
Dans un monde intérieur ordinaire
Les représentations sont précaires
Se contentant de ce que l'on voit,
Du murmure au tumulte des voix
En passant par un bouquet d'arômes
Qui fleure drôlement bon la paix
Et a le pouvoir d'adoucir l'homme
Tout en aiguillonnant son palais.
Des bourrasques martèlent leur rudesse,
Les bises effleurent de leur caresse.
On se borne à ce que nos sens connaissent.
Osons donc faire preuve d'hardiesse !
Une feuille n'est-elle qu'une modeste feuille?
Même si elle est quelconque selon ordin’œil
Un esprit créatif la porte aux nues.
La vision simpliste porte le deuil,
Le banal se pare d'artifices
Puis d'une façon inattendue
L'inspiration ô magique afflue,
Dépose sa dose de malice.
Qu'avais-tu en tête dame Nature
Lorsque, ambitieuse, tu as accolé
Sur la peau de ta lisse protégée
Un réseau enchevêtré de nervures.
Ces veines servent-elles à l'irriguer?
Tu te penches souriante et me susurres
Que la fascinante architecture
Constituant tout rideau de verdure
Se veut d'une immense envergure.
Entendu ! Elles sont sa respiration.
Je le devine, à chaque inspiration
Les saillis tels des neurones assurent
Le déplacement des informations
Qui longent vaisseaux sains et meurtrissures.
Ta précieuse feuille d'or haute couture
Assimile les règles obscures
Du milieu, rectifie sa position.
Comment réalises-tu les moulures
De tes plus spectaculaires travaux?
As-tu pris l'empreinte de nos cerveaux
Afin d’ériger tes divines sculptures?
A moins que cette conception soit fausse.
J'imagine le souverain Cosmos
Calquer ironique le tracé de tes chefs-d'œuvre.
Dans nos ciboulots par une casse-cou manœuvre
Quatre-vingt-six milliards de neurones
De quoi époustoufler ma madone.
Voilà l’air espiègle qu'il fredonne,
Dame Nature, tu l'impressionnes.
Aurait-il eu la main lourde?
Ce petit filou raille sa bourde.
"Etres humains, boiteuses caricatures,
Vous apparaissez comme des impostures
Devinette:
La quantité prime-t-elle la qualité?
Imparfaites
Néanmoins luxuriantes créatures
Ne confondez point affluence et omnipotence"
Des sornettes
Sa causerie reste floue.
Cobayes d'un savant fou
Au pilori, il nous cloue.
Pourtant
Nul n'a présenté sa candidature,
Seule la nature, il loue.
Tu le dévisages les yeux écarquillés.
Quel monologue osé, irrévérencieux.
N'empêche, tu chéris son langage châtié.
Gonflé à bloc, Cosmos se lâche audacieux,
L'homme instable chancèle, laissé en chantier.
L'humanité faiblarde t'inspire pitié
Personne ne mérite d'être répudié,
Charitable, tu décides d'y remédier.
Une idée héroïque germe
Et s'étoffe jusqu'à son terme.
Une brillante solution vient d'irradier.
Il ne te reste qu'à nous initier.
Tu prends une décision ferme...
Deuxième partie.
Faute de voir
Je pourrais croire
Que cosmos s'est métamorphosé en Eros.
Artémis la chaste convole en justes noces
Endossant sa noble mission comme un sacerdoce
Il en résulte une matrice universelle
Devenue intelligible pour tes fidèles.
Extirpons-nous d'une sphère superficielle,
Découvrons un monde ou les fraîches jouvencelles
Déesse Artémis m'enseigne
Lors de son florissant règne
La manière efficace d’attendrir les teignes
Histoire que plus un seul cœur ne saigne
Et nos lumières s'éteignent.
Le lutin Loustic
Gai luron comique
Me fait un discret clin-d'œil.
Pourvu que l'humour déteigne
Sur un insolent orgueil.
A l'image d'une aïeule
Sagace elle m'explique
Comment vaincre les écueils :
Facile, extirpe une feuille,
Corrige ta posture mentale.
Le regard mystique,
L’âme poétique,
Maintenant dans ta bulle tu te recueilles.
Confiantes, tes idées glissent jusqu'au seuil
De l'épaisse nervure centrale.
Dame nature l'artiste
Met sa touche symboliste.
Tes sentiments purs: blancs virginal;
Tes douillets bonheurs: rose régal;
Tes passions: vermeil extatique;
Tes souvenirs: bleu nostalgique.
Tu visualises un grand rassemblement.
Pressées contre la rampe de lancement,
Les pensées projetées en rafales
Le long de l'artère principale
Font un voyage jonché d'escales.
Sans en avoir l'air
Elles se répartissent les
Veines secondaires,
Filaments parallèles
Précédant le pêle-mêle.
Artémis m'a signalé
Que ce rudimentaire arrêt
N'est que le prélude et l'apprêt
D'un plan incendiaire.
Les nervures rétrécissent,
Leurs fourmillantes ramifications
S'entrecroisent, fort complices,
Du labyrinthe de l'initiation.
Troisième partie.
Tu erres atone, au gré de tes chemins
De pensée lorsque sans crier gare
Le raisonnement sage s'égare.
Veulement adossée, l'œil hagard
Tu brandis en vain un parchemin
Manuscrit jadis attribut d'un surhumain
Espérant trouver réponse à ton examen.
L'étau se resserre.
Ton cœur manque d'air.
L'idée douce-amère
Explose, se décompose
En une multitude d'éléments
Précipités à la merci du vent.
Cosmos a entrepris la réforme
Des esprits. Il est temps de naviguer
Parmi des idées neuves, hors-normes.
Un conseil inopiné m'est prodigué:
Octroie une place importante au hasard
Même si le concept te paraît bizarre
Sache que sous un monstrueux bazar
Jaillit un océan de créativité.
Pour y accéder, exit la passivité.
Pêche deux fragments disparates à ta portée.
Ne laisse ni doutes ni peurs te déporter.
Négocie ! Associe ! Bissocie !
Est-ce gage de suprématie?
Non, juste la promesse d'inventivité.
Ton cerveau fait des acrobaties,
Tisse des liens insoupçonnés,
L'alliance va te désarçonner.
Peu importe ! Lâche prise.
Contemple la tour de Pise,
Bancale, elle tient debout.
L'imbroglio t'électrise.
3,2,1 Black out…
Épilogue.
… Des pensées plein la tête,
Tu ne te contentes pas de rester en surface,
Profondément, tu analyses.
Aucun détail ne part aux oubliettes,
Ce cheminement te harasse,
Ton esprit creuse, décortique, théorise.
Eh ! Es-tu en train de perdre la tête ?
Toutes tes idées se mêlent, s’emmêlent, sensorielles,
Se la jouent folasses.
S’ensuivent des connexions improbables, fée clochette.
Mais quelles couleurs formidables, tu te fonds dans un arc-en-ciel.
Ta vie intérieure rayonne d’audace.
C’est anormal de se monter ainsi la tête,
Sèchement, on t’assène.
Les jugements représentent une menace,
Dans ton crâne s’abat une houleuse tempête.
Sortie de ta cachette, Tu luttes, éprouvée dans l’arène
Pour ne pas perdre la face.
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